L’indulgence est un concept dont la signification varie selon les disciplines :
L’indulgence est un concept dont la signification varie selon les disciplines : morale, psychologie, économie de la consommation, et religion. Le terme peut renvoyer autant à la capacité d’auto-contrôle et de satisfaction différée, qu’à une pratique spirituelle ou sociale liée au pardon.
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Perspective psychologique
L’indulgence est souvent associée à la gratification immédiate versus différée. Les recherches en psychologie comportementale montrent que différer la récompense peut améliorer le bien-être à long terme, mais que l’auto-indulgence ponctuelle aide à maintenir un équilibre émotionnel.[1] L’étude de Hofstede sur les dimensions culturelles classe également l’« indulgence » comme orientation sociétale : certaines sociétés valorisent le plaisir et l’expression des désirs, d’autres mettent l’accent sur le contrôle et la restriction.[2] -
Perspective religieuse et historique
Dans le christianisme, notamment au sein de l’Église catholique, les indulgences désignent la rémission partielle ou totale des peines temporelles dues aux péchés déjà pardonnés.[3] Leur pratique a marqué l’histoire, contribuant à la Réforme protestante au XVIe siècle, en réaction aux abus liés à leur commerce. Aujourd’hui, elles sont toujours présentes dans la tradition catholique mais encadrées par des conditions spirituelles strictes. -
Perspective économique et sociale
La consommation indulgente (« indulgence products ») est analysée dans les sciences de gestion comme un secteur en pleine croissance : chocolat, luxe, services de divertissement. Certaines études montrent que la consommation occasionnelle de produits perçus comme « indulgents » est reliée à une meilleure satisfaction de vie quand elle reste intégrée dans un mode de vie équilibré.[4] Ce mécanisme psychologique est souvent exploité par le marketing, qui relie plaisir et justification sociale (« petit plaisir mérité »). -
Perspective éthique et philosophique
Les débats contemporains portent sur l’équilibre entre indulgence et ascétisme. Pour certains penseurs, l’indulgence mesurée est nécessaire à l’épanouissement, tandis que l’excès peut conduire à une dépendance ou à des comportements autodestructeurs. L’éthique aristotélicienne de la « juste mesure » peut servir de grille de lecture : l’indulgence devient alors une vertu quand elle s’inscrit dans un équilibre, mais un vice quand elle se transforme en excès.
Tiberius, V., & Hall, A. (2010). Normative theory and psychological research: Hedonism, eudaimonism, and why it matters. the Journal of Positive Psychology, 5(3). lien ↩︎
Hofstede Insights – Dimension « Indulgence vs restraint ». lien ↩︎
Ku et al. (2015). the Consumption of Indulgent Products Makes People Happier. Journal of Consumer Psychology. lien ↩︎